Balzac, que citait souvent Simenon, disait: «Un personnage de roman, c’est n’importe qui dans la rue qui va au bout de soi.» Hannah, qui s’apprête à épouser un homme très bien mais qui ne fait pas battre son cœur, va aller au bout de soi en cédant à la passion que lui inspire toujours César, à qui elle a promis son cœur quinze ans auparavant.
Retour au roman d’amour fou pour Alexandre Jardin donc, après sa trilogie familiale et son ode aux grands hommes français, Mes trois zèbres. Mais fi de la France! C’est au Québec seulement, «pays de l’émotion» où il passe une partie de ses étés, que pouvait se tenir cette histoire où les femmes ne sont pas cyniques comme à Paris et les histoires d’amour gaies et ludiques avant d’être tragiques. Du coup, Juste une fois est réellement écrit en québécois: Jardin a pillé amoureusement cette langue goûteuse, poétique et franche pour dérouler des dialogues qui réinventent avec bonheur la langue française.
Résultat: une diablerie enlevée, pressée, tendre, enjouée, au franc-parler réjouissant et lyrique qu’on ne lâche pas avant la fin, tout en se posant les grandes questions existentielles du couple: que faire d’un éblouissement quand on a une jolie vie de couple? Jouer au jeu du «juste une fois», c’est dangereux, vraiment? Que faire de la nostalgie de l’amour fou?
Alexandre Jardin est né pour l’amour. Il est partageur, tant mieux pour nous.
«Juste une fois». D’Alexandre Jardin. Grasset, 240 p.