Le cinéaste espagnol Pedro Almodovar, auteur de 33 films et symbole de la 'Movida', s'est vu décerner à Lyon (est de la France) le 6e Prix Lumière. Le trophée récompense depuis 2009 une personnalité du cinéma pour l'ensemble de son oeuvre.
"Je crois que j'ai toujours recherché dans mes films les couleurs saturées du cinéma de mon enfance. A la mort de ma mère, j'ai commencé à me dire qu'elle était à l'origine de cette démarche. J'ai été sa vengeance et j'espère avoir été à la hauteur, cela fait 35 ans que j'essaye de l'être, de tout mon coeur", a confié, ému, le réalisateur.
Le cinéaste a ensuite reçu le prix des mains de l'actrice française Juliette Binoche. Celle-ci lui avait auparavant rendu un vibrant hommage, clôturant une cérémonie festive devant de nombreuses personnalités du 7e Art.
"Pedro Almodovar a développé des préoccupations qui ne sont plus seulement espagnoles aujourd'hui dans le cinéma: l'exubérance, mais aussi le rôle des femmes et des laissés-pour-compte", a décrit Thierry Frémaux, le directeur du Festival Lumière.
Incroyable conteur d'histoires, dans lesquelles se bousculent nombre de personnages hauts en couleur, Pedro Almodovar succède à Clint Eastwood, Milos Forman, Ken Loach, Gérard Depardieu et Quentin Tarantino au palmarès de ce prix créé en 2009 lors du lancement de la manifestation.
"Je suis un auteur authentique, au sens que je fais ce que je suis capable de faire, à ma façon", a affirmé l'auteur de 'Volver' (2006) au cours d'une masterclass donnée vendredi après-midi. "J'ai toujours su, et ce depuis ma plus tendre enfance, que ma vocation était de raconter des histoires, au travers des images", a-t-il dit.
Sur son processus créatif, l'auteur de "Parle Avec Elle" (1999) décrit un parcours semblable au "voyage" au cours duquel tout peut arriver, "même la mort", et qui débute toujours par un songe. "Le rêve disparaît lorsque commence le tournage. J'accueille alors une créature nouvelle qui me guide vers l'histoire que je dois conter. Cette surprise, c'est ce qui est passionnant", a-t-il expliqué.
Interrogé sur la fin de sa carrière, Pedro Almodovar a confessé que le moment "le plus difficile pour un cinéaste" est de se retirer. "J'ai beaucoup de respect pour ceux qui restent jusqu'au bout bien qu'ils ne produisent plus rien d'important. Mais il y a des exceptions et c'est à celles-ci que je rêve", a-t-il souligné.
