Isabelle Hausser livre avec «Les couleurs du sultan»une fable intime et politique de la Syrie, éclairante et subtile.
Isabelle Hausser, ancienne juge, écrivaine et femme d’ambassadeur de France représentant désormais son pays à Berne, a vécu en Syrie entre 2006 et 2009. En 2010, elle publiait Petit seigneur, fable amoureuse et politique dans un sultanat imaginaire où régnait la dictature. Quatre ans après, Les couleurs du sultan apporte la preuve que le détour par la littérature est parfois le chemin le plus court vers la compréhension d’une tragédie aussi implacable que celle que vit la Syrie depuis 2011.
Ce nouveau roman, le dixième de l’auteure notamment de Nitchevo ou de La table des enfants, raconte la jeunesse puis l’accession au pouvoir de Mansour, sultan devenu despote sanglant régnant sur un pays à peine imaginaire. Le narrateur, qui pleure un pays transformé en champ de ruines et un peuple massacré sans vergogne, a été un des proches du sultan, son précepteur même, issu d’une famille liée à la dynastie au pouvoir. Il assiste impuissant à la dérive d’un Mansour retors, cruel, obsédé par le maintien de sa dynastie et la haine de l’Occident.
Avec clairvoyance, une connaissance affûtée de son sujet et une empathie infinie pour l’âme syrienne, Isabelle Hausser donne les clés d’une guerre tout entière liée à la personnalité d’un homme.
«Les couleurs du sultan». D’Isabelle Hausser.
Buchet/Chastel, 388 p. Isabelle Hausser sera au Salon du livre de Genève le 30 avril (table ronde «Regards d’écrivains sur la Syrie», Pavillon arabe), ainsi que les 2 et 3 mai (signatures).
